Violence dans le sport.. C'est aussi votre responsabilité !
Envahissement de la salle, bagarre générale, un supporter touché à la tête par un projectile, des ceintures utilisées comme des armes, des fumigènes tirés au beau milieu de la foule, puis des bagarres impressionnantes entre des dizaines de supporters, le match entre le CA et l’EST a dégénéré, sous les yeux de téléspectateurs médusés. Faut-il qu’il y ait une victime pour que les fauteurs de troubles prennent conscience de la gravité de ce qui se passe sur nos gradins ?
En effet, ce phénomène est en train de s’amplifier et ce qu’on voit dans les salles et les stades n’est malheureusement que le reflet de la réalité de notre espace public. C’est notre quotidien qui se manifeste bel et bien dans les tribunes. Le stade n'est pas un lieu à part, et donc effectivement, il fait apparaître des choses qui existent dans la société, à savoir la violence.
De surcroît, le stade est un lieu qui va exacerber les rivalités, les faire apparaître encore plus fortes qu'elles ne sont dans la réalité, ce qui engendre des événements cataclysmiques commis par des supporters fous furieux et incontrôlables, dont la stratégie sécuritaire mise en place par le ministère de l'Intérieur est désormais inutile.
De facto, on est face à un phénomène social conjoncturel très particulier, qui interpelle les politiques publiques.
À notre humble avis, la démarche sécuritaire et judiciaire dans la lutte contre ce phénomène demeure, sans aucun doute, importante et indispensable, mais il faut également se poser aujourd’hui de véritables questions par rapport à la faillite de notre système éducatif, par rapport à la situation des jeunes dans les milieux défavorisés, par rapport à notre système d’intégration de la jeunesse, et par rapport à la politique de l’emploi qui permet l’intégration des jeunes en leur donnant une stabilité et une visibilité. Et ce, car cette violence est essentiellement due aux problèmes sociaux, économiques et politiques, au chômage, au manque de moyens de loisirs et d'évasion ainsi que la fragilité de notre système éducatif et l’encadrement des jeunes.
En guise de conclusion, il faut appliquer une politique articulant répression ciblée sur les fauteurs de troubles et prévention sociale, tout en établissant un dialogue avec les supporters afin de créer un plan de lutte contre la violence qui consiste à articuler répression et prévention.
N’oublions pas que ce phénomène invite à se poser des questions organisationnelles. Par exemple : d'où viennent les projectiles que l’on voit dans les stades ? Les forces sécuritaires sont-elles impliquées ? Est-ce qu'il ne faudrait pas abandonner les bouteilles dans les stades et proposer d’autres alternatives ? Et pourquoi pas former des stadiers professionnels comme ceux que l’on voit partout dans le monde ? Il y a également des mesures de prévention situationnelle - comme des filets amovibles - à mettre en place pour éviter certains risques.
Finalement, face aux derniers incidents, le huis clos s’impose comme une solution immédiate, le temps que les esprits se calment et que les fauteurs de troubles reviennent à la raison.
Mohamed Ali Arfaoui